Description du sujet. Les stratégies d’adaptation sont des mesures prises par les individus en vue d’assurer la
résilience face à un phénomène. Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, les ménages sont vulnérables à
l’insécurité alimentaire en dépit des efforts endogènes et exogènes fournis. La plupart des mesures prises par les
ménages en vue d’améliorer leur situation alimentaire en cas de crise (choc) exacerbent leur vulnérabilité (réduire
leur résilience présente et/ou future). Dans l’optique d’améliorer la compréhension sur la vulnérabilité des ménages
ruraux en zone sahélienne, une étude a été réalisée entre juillet 2019 et janvier 2020 dans la région de l’ExtrêmeNord du Cameroun.
Objectif. L’objectif général de l’étude a été d’analyser la vulnérabilité des ménages ruraux de la région de
l’Extrême-Nord du Cameroun à l’insécurité alimentaire. Spécifiquement, il s’est agi d’identifier les principales
sources d’accès à la nourriture et au revenu, d’analyser les stratégies endogènes prises par les ménages en cas de
choc et d’estimer leur indice de survie.
Méthodes. Les sources de revenus et d’accès à la nourriture ont été identifiées et classées par ordre de priorité à
l’aide d’une échelle à quatre niveaux. Les mesures d’adaptation endogènes sont analysées à travers le cadre
d’analyse des stratégies par niveau de gravité du choc subi, tandis que la vulnérabilité par une analyse croisée entre
l’indice de survie du ménage et le score de consommation (SCA) et de diversité (SDAM) alimentaires.
Résultats. Les résultats de l’étude indiquent qu’il existe plusieurs sources de revenus [(auto-emploi (38 %), vente
de la production agricole (30 %), épargne et/ou tontine (21 %))] et d’accès à l’alimentation [(production agricole
(90 %), achat sur le marché (60 %), dons des tuteurs de résilience (34,2 %))] dans la région. Cependant, la réduction
des quantités et/ou taille/fréquence des repas (47%), la vente inhabituelle des biens (23 %), l’emprunt
d’argent/nourriture (14 %) et la déscolarisation des enfants (16 %) sont les stratégies les plus courantes ayant déjà
été adoptées au moins par un ménage (depuis qu’il est constitué) nonobstant la survenance d’un choc. L’analyse
des stratégies suivant la gravité du choc (sur les moyens d’existence) indique une récurrence des stratégies de
stress [(réduction des dépenses non alimentaires (58 %), dépense de l’épargne (60 %), vente de plus d’animaux
que d’habitude (29 %))] par rapport aux stratégies de crise [(emprunt d’argent et/ou de la nourriture (36 %), récolte
des cultures non parvenues à maturité (29 %), déscolarisation des enfants (20 %))] et d’urgence [(vente des derniers
animaux femelles (19 %), mendicité (12 %))].
Conclusion. Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, les ménages ayant une faible assise alimentaire sont
plus enclins à adopter des stratégies néfastes. Ainsi, le soutien aux activités agropastorales et génératrices de
revenus au sein des ménages est indispensable pour renforcer davantage leurs moyens d’existence, ce qui réduirait
le risque de vulnérabilité dont le corollaire est l’adoption des stratégies destructrices des ressources présentes et
futures des ménages.